D'obscurs projets pour l'Education Nationale
L’UNL juge extrêmement inquiétants les derniers
propos de Nicolas Sarkozy concernant le retour d’un enseignement de la
morale et la définition par les élus des programmes scolaires. Les
implications de cette déclaration et la conception même de l’Ecole
qu'elles révèlent font naître de profondes interrogations. Les lycéens
n’accepteront pas que l’Education Nationale devienne un lieu de
propagande.
Le Président a souhaité hier le retour d’une «
instruction civique et morale » dans les programmes, regrettant la
disparition de ce type d’enseignement. Ces leçons de morale nouvelle
version auraient notamment pour but « l'affirmation des valeurs
morales, l'énonciation de règles de comportements applicables à tous »
et passeraient par le retour en force de symboles comme le drapeau
tricolore et l’hymne national à l’écoute duquel les élèves devraient «
se lever ».
L’UNL est interloquée par ces déclarations qui témoignent davantage
d’une volonté de réhabiliter des pratiques passéistes que d’une
véritable volonté d’innovation éducative. Alors même que les heures
d’ECJS au lycée sont encore trop souvent sacrifiées en raison de
programmes surchargés. Va-t-on vers une Ecole qui n’aurait plus pour
mission de former des citoyens capables de faire preuve d’esprit
critique mais uniquement des patriotes aptes à apprendre et réciter les
valeurs républicaines ?
Notons que c’est dans le cadre de cette instruction morale que
s’inscrirait la proposition de « confier la mémoire » d’enfants
victimes de la Shoah, uniquement français, à des élèves de CM2. Après
l’initiative douteuse de la lecture aux lycéens de la lettre de Guy
Môquet, il s’agit d’une nouvelle aberration qui démontre une
impressionnante méconnaissance de la manière dont la mémoire de la
Seconde Guerre Mondiale et de ses aspects les plus tragiques est
abordée au cours de la scolarité.
Dans le même temps, le Président de la République a également affirmé
que c’est aux élus de « déterminer ce qui mérite d'être étudié par les
élèves » et que les programmes scolaires « constituent un sujet de
débat politique ». Nicolas Sarkozy envisage-t-il de confier désormais
aux majorités politiques successives la tâche de sélectionner le
contenu des enseignements dispensés aux élèves ?
L’UNL demande des clarifications au plus vite sur les véritables
intentions du Président de la République et sera particulièrement
vigilante pour éviter que le Service Public d’Education ne soit
transformé en porte-voix de valeurs rétrogrades ou en lieu de
propagande politique.
Floréale Mangin
Présidente de l’UNL